À l'encontre de tant d'artistes dits contemporains, Jean-Baptiste Sécheret n'a pas renoncé à la représentation stricte de la réalité. Dès ses années d'apprentissage aux Beaux-Arts de Paris, il en avait l'intuition, sachant que toute sa vie serait vouée à l'examen de cette réalité inépuisable. Elle exigerait beaucoup de lui: une discipline draconienne, un savoir-faire, un sens de l'espace, de la couleur, du mouvement, une sûreté de la touche, un goût du silence des choses. Le résultat en est une peinture et un dessin parfaitement actuels. Semblant surgir du passé, ils nous parlent du monde présent et brûlant. Villes, industries, paysages nous offrent, outre leur puissante mélancolie, le prétexte d'un espace, d'un vide que seul le ciel soulage. Le ciel ? Il y est omniprésent, et c'est souvent dans sa représentation que se révèlent la réussite ou l'échec d'un peintre. Jean-Baptiste Sécheret perçoit parfaitement, et avec précision, le trajet lent des nuages, l'éclat du soleil dans l'azur en difficulté. Le peintre se livre; il s'acharne à nous dire la beauté du monde. Rien d'anecdotique ne le distrait; ses montagnes ne dorment pas tout à fait, ses arbres ne sont jamais au repos, ses visages frémissent sous leur calme apparent : une sourde fureur est l'affût; et aussi une poignante nostalgie, sentiment palpable de l'émouvante vulnérabilité des êtres et des choses.
Texte de Benjamin Olivennes.
Jean-Baptiste Sécheret est né en 1957 à Neuilly-sur-Seine. Ancien résident de la Casa de Velazquez à Madrid, sociétaire des Peintres-Graveurs français depuis 1999, il expose régulièrement en France comme à l'étranger, dans des galeries ou des musées, une oeuvre gravée, peinte et dessinée, récompensée par plusieurs prix. Il a illustré plusieurs ouvrages, notamment en lithographie. Plus d'une vingtaine de publications lui ont été consacrées, dont des textes de Jacques Thuillier, Pierre Bergounioux, James Lord, Patrick Mauriès, Michel Waldberg.
