Flaubert écrivait : « Il y a une chose qui nous perd, une chose stupide qui nous entrave. C’est ''le goût'', le bon goût. Nous en avons trop. » Et d’ajouter : « Aussi comme les grands maîtres sont excessifs ! Ils vont jusqu’à la dernière limite de l’idée. » Noyau ne déroge pas à ce principe.
Un toréador combat des carcasses de taureau dans une chambre froide, un footballeur shoote sa propre tête, une danseuse étoile accouche en pleine arabesque, un vendeur de kebab découpe une femme nue sur sa broche, les Rois mages assistent bouche bée à l’échographie de Marie, Narcisse se mire dans l’obscurité de son fondement…
Nous rions et nous tremblons en tournant ces pages : c’est notre propre prosaïsme, notre plate résignation au vulgaire d’aujourd’hui que Noyau dézingue à grands jets de gouache. Avec une rare clairvoyance, surtout. Dans ce véritable pamphlet sur la vie moderne, l’absurdité s’allie au grotesque, le pathos à la dérision, la finesse à la trivialité. Et, toujours, une virtuosité époustouflante, un art particulier de la composition, du cadrage, du corps, du décor, du détail.